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enfin, à la sugya de mehamets et metavel en Hullin 99ab (cliquer ici pour afficher le daf). Rappelons
le contexte. La Gemara vient de rapporter la sugya de zeroa' beshela,
d'où l'on apprend le principe qu'il existe un shiur uniforme pour le
bittul des issurim et que ce shiur est une humra deRabbanan par
rapport au principe de bittul be-rov. Dans la mesure où le cas
précis de zeroa' beshela, celui du eil nazir, relève
vraisemblablement de min be-mino1,
la question reste ouverte quant au din précis de min be-she-eino
mino : c'est toute la mahloket entre Rashi et Tossefot sur
place, à propos de ta'am ke-ikkar. Toujours est-il que cette sugya,
énoncée au nom de R. Yehoshua b. Levi citant Bar Kappara, établit
qu'il existe le-ma'asseh, deRabbanan au moins, un shiur minimal exigé
pour le bittul. Ce shiur lui-même fait l'objet d'un débat :
d'après R. Hiyya b. Abba, il est de 60 fois la quantité de issur,
d'après Rav Assi, il est de 1002.
La
sugya qui suit part de ce débat : face à Rav Dimi, Abayé met
en question cette option rapportée au nom de Rav Assi que le bittul
« de base » serait de 100 : en effet, objecte-t-il,
le shiur de bittul pour teruma est lui aussi de 100 et est présenté
dans la Mishna (Orla 2) comme une humra par rapport au shiur de base.
Voici, très grossièrement résumé, l'objet de la sugya devant
nous. Le texte intégral est le suivant :
Rav Dimi
יתיב
רב דימי וקאמר לה להא שמעתא
Abayé
אמר
ליה אביי וכל איסורין שבתורה במאה והתנן
Mishna Orla 2, 4
למה
אמרו כל המחמץ ומתבל ומדמע להחמיר מין
ומינו להקל ולהחמיר מין ושאינו מינו
Mishna Orla 2, 7 (min be-she-eino mino)
וקתני
סיפא להקל ולהחמיר מין ושאינו מינו כיצד
גריסין שנתבשלו עם העדשים אם יש בהם בנותן
טעם בין יש בהן להעלות במאה ואחד בין אין
בהן להעלות במאה ואחד אסור אין בהן בנותן
טעם בין שיש בהן להעלות במאה ואחד בין אין
בהן להעלות במאה ואחד מותר
Abayé
אין
בהן להעלות במאה ואחד אלא במאי לאו בששים
Rav Dimi
לא
במאה
Abayé
והא
מדרישא במאה הוי סיפא בששים דקתני
Mishna Orla 2, 6 (min be-mino)
רישא
להחמיר מין ומינו כיצד שאור של חטין שנפל
לעיסת חטין ויש בו כדי לחמץ בין יש בו כדי
להעלות במאה ואחד בין אין בו כדי להעלות
במאה ואחד אסור אין בו להעלות במאה ואחד
בין שיש בו כדי לחמץ בין אין בו כדי לחמץ
אסור
Abayé
רישא
וסיפא במאה
Rav Dimi
לא
רישא במאה וחד וסיפא במאה
Abayé
וכי
יש בו כדי לחמץ במאה וחד אמאי לא בטיל
Rav Dimi
אישתיק
Abayé
אמר
ליה דלמא שאני שאור דחימוצו קשה
Rav Dimi
אמר
ליה אדכרתן מילתא דאמר רבי יוסי בר'
חנינא
R. Yossi b. R. Hanina
לא
כל השיעורין שוין שהרי ציר שיעורו קרוב
למאתים דתנן דג טמא צירו אסור רבי יהודה
אומר רביעית בסאתים
Stam kushia
והאמר
רבי יהודה מין במינו לא בטיל
Stam tiruts
שאני
ציר דזיעה בעלמא הוא
Il est important, avant de commencer, de
préciser les shittot d'Abayé que l'on connaît par ailleurs et qui
constituent le contexte de ce débat. Tout d'abord, pour Abayé,
ta'am ke-ikkar deOrayta, ce qu'on apprend de bassar be-halav (cf.
Hullin 108a). Ensuite, min be-mino est déterminé par le ta'am :
batar ta'ama azlinan (AZ 66a). Enfin, dans la sugya de Zeroa'
beshela, Abayé apprend deux dinim différents : d'une part que
même pour R. Yehuda il y a là-bas bittul dans min be-mino, d'autre
part que dans min be-she-eino mino on exige deRabbanan 60
indépendamment de la réalité de la netinat ta'am (cf. Rashi et
Tossefot sur place3).
Le débat entre Abayé et Rav Dimi porte donc
sur ce double shiur de 100. La réponse de Rav Dimi, d'après une
première lecture rapide de la sugya, est de distinguer entre 100
(dans les issurim classiques) et 101 (dans teruma). La maholket entre
Rashi et Tossefot porte sur le sens précis de cette distinction
entre 100 et 101 : pour Rashi, c'est sans compter le issur (ce
qui va bien pour 100 dans les issurim classiques, mais qui demande à
être expliqué pour 101 dans teruma, dans la mesure où la drasha à
partir de « et mikdesho » en Bamidbar 18, 29
implique normalement 1/100 et non 1/101), pour Tossefot, c'est y
compris le issur (donc 1/100 pour teruma, ce qui va bien avec la
drasha, mais 1/99 pour les autres issurim, ce qui n'est pas la
mashma'ut classique de bittul be-shishim et donc de bittul be-mea).
Toujours est-il qu'il faut reconnaître que cette distinction entre
bittul dans 99 et bittul dans 100, ou dans 100 et 101, paraît à
première vue difficile à admettre et ne pas répondre à la kushia
d'Abayé qui semble demander une distinction claire, comme entre 60
et 100. Pour répondre à cette difficulté, peut-être peut-on faire
appel à la logique du Rambam qui (dans dinei k'hal notamment)
explique que le shiur « classique » de 60 est
multiforme : les issurim classiques sont batel dans 60 en sus du
issur, les issurim de rabbanan sont batel dans 60 dont le issur
(exemple : le k'hal), les issurim qui présentent un aspect de
beriya sont batel dans 1 de plus, donc dans 61 pour un œuf contenant
un poussin, et dans 60 (59+1) pour une beriya deRabbanan comme la
graisse du gid ha-nashe. Tout cela, explique le Rambam, fait partie
de la notion même de shishim, qui est deRabbanan, et que les
hakhamim ont modulé en fonction des différents aspects du issur
afin de créer des hekerim, des indices distinctifs. On pourrait
imaginer ici, dans la logique que défend Rav Dimi, que le 100 (ou
101) de teruma serait un simple heker par rapport au 99 (ou 100) des
autres issurim.
Prenons maintenant Rashi. La grande difficulté
dont il faut tenir compte dans son approche de la sugya est le fait
qu'il considère normalement que la halakha suit Rabbi Yehuda, à
savoir qu'il n'y a pas de bittul dans min be-mino. Or ici la Mishna,
si elle postule bien que le shiur du bittul dans min be-mino est
supérieur à celui de min be-she-eino mino, suppose clairement qu'il
y a bittul dans min be-mino – et il paraît clair que R. Yehuda est
d'accord avec cette mishna, et au contraire peu probable qu'il réfute
totalement la notion de bittul teruma. De plus, si l'on se réfère
au débat Rashi/Tosfot en Yevamot 82a, on voit que Rashi considère
que pour R. Yehuda min be-mino lo batel même dans yavesh be-yavesh,
tandis que Tossefot considère que c'est uniquement dans lah be-lah.
Rashi commence par préciser que la Mishna,
quand elle parle de mehamets,
metavel et medamea',
parle de trois cas, c'est-à-dire (contrairement au Rambam
dans le Peirush ha-Mishna) que medamea'
n'est pas juste ici un terme générique qui décrirait la
conséquence de mehamets et
metavel, c'est-à-dire
de donner à l'ensemble du mélange le statut de teruma (c'est le
sens de medamea').
Surtout, il précise ici que le cas de medamea'
est celui où on a cuit ensemble la teruma et le reste, autrement dit
qu'il s'agit davka d'un cas de lah be-lah. Pour l'instant, la
nécessité de cette hava amina n'apparaît pas du tout, sauf à
vouloir forcer le parallélisme entre mehamets,
metavel et medamea',
dont les deux premiers ne font effectivement sens que dans lah
be-lah.
Rashi précise
ensuite quea dans
min be-she-eino mino, la configuration est qu'on a goûté le mélange
et qu'il subsiste un goût au-delà de 100 – goût forcément très
faible, dès lors ; et pourtant la Mishna interdit le mélange.
Il semble que c'est de là que Rashi tire sa notion qu'un taam
perceptible interdit même au-delà de 60. C'est dans ce contexte de
min be-she-eino mino qu'il choisit de développer la source
midrashique du shiur de 100 pour teruma, c'est-à-dire le Sifré
sur Bamidbar 18, 29
(Kora'h piska §,
siman 121). Le verset,
qui parle de terumat maaser, qui est identique au maaser min
ha-maaser et qui vaut donc 1/100 de la récolte (en fait
1/99,9999..., puisqu'un seul grain suffit en théorie pour la teruma
gedola, prélevée avant le maaser rishon4),
qualifie cette terumat maaser de kol 'helbo et mikdesho
mimenu, « la meilleure
partie, celle qui le sanctifie ». Les Hakhamim se basent sur ce
verset pour dire que si ce centième retombe dans le grain d'où
(mimenu) il a été
prélevé, il le sanctifie (mikdesho,
lu mekadesho) ;
autrement dit, si le 1 tombe dans les 99 restants, il les
« sanctifie », s'il tombe dans plus (100 voire, selon un
autre avis, 99+ε),
il ne les sanctifie pas. En réalité, cela signifie que si elle
tombe dans 99 ou moins, cette teruma donne à l'ensemble le statut de
teruma, si elle tombe dans plus, elle ne change pas le statut hullin
et il faut juste prélever la quantité équivalente à la teruma
initiale pour la donner au cohen afin que celui-ci ne soit pas lésé
financièrement. Si Rashi semble au début présenter la drasha comme
une drasha gemura avant de dire mi-kan
amru,
ce qui signifie qu'il s'agit d'une simple asmakhta
et
donc d'une loi deRabbanan, il ne fait en fait que reprendre la
formulation du Sifré
en la commentant. Et on comprend bien qu'il s'agit d'un din
uniquement deRabbanan puisque si cette logique était deOraïta elle
serait forcément différente : d'une part on pourrait l'étendre
à la teruma gedola et dire que de même qu'un seul grain suffit
comme teruma gedola pour tout un silo, de même un seul grain de
teruma suffit à interdire tout un silo (autrement dit qu'il n'y
aurait pas de bittul teruma possible), d'une part il faudrait dire
qu'un grain de teruma qui tombe dans un seau de hullin restitue ce
dernier au statut de tevel, et non pas, comme c'est le cas ici, qu'il
lui donne le statut de teruma.
Rashi
explique ensuite que la mishna veut dire qu'en cas de netinat taam
dans min be-she-eino mino, le taam n'est pas batel (taama
lo batil)
même si, selon le din de bittul teruma be-mea, le guf ha-issur est
batel. Or cela est un grand hiddush : il signifie qu'a priori
pour Rashi le shiur de 100 pour le bittul teruma est valable aussi
bien dans min be-she-eino mino que dans min be-mino, ce qu'il n'est
pas du tout le pshat apparent de la mishna. On pourrait objecter
qu'il s'agit d'une lecture forcée de Rashi, qu'il amène juste cette
drasha de bittul teruma ici et non dans min be-mino uniquement du
fait qu'Abayé lui-même, dans sa démonstration, a rapporté la
seifa de la Mishna, qui parle de min be-she-eino mino, avant la
reisha, qui parle de min be-mino.
Mais
il nous semble que notre lecture est rendue nécessaire par le Rashi
suivant qui explicite la raison pour laquelle il y a bittul dans min
be-she-eino mino quand il n'y a pas de netinat taam : דכי
בעינן אחד ומאה היכא דאיסורא בעיניה הוא
כגון חטין בחטין או כל דבר שלא נתבשל,
« on n'exige que le heter soit cent fois supérieur au issur
uniquement quand le issur subsiste sous sa forme initiale [même si,
évidemment, on ne peut plus le distinguer, sinon il n'y aurait pas
de bittul] : par exemple, du froment mélangé à du froment, ou
toute chose qui n'a pas été cuite ». Kol
davar she-lo nitbashel
renvoie à yavesh be-yavesh ; hitin
be-hitin
renvoie à min be-mino, et si Rashi mentionne les deux, c'est que
l'un n'est pas inclus dans l'autre. Autrement dit, on exige bittul
be-mea dans yavesh be-yavesh, même dans min be-she-eino mino ;
et on exige bittul be-mea dans min be-mino, que ce soit dans lah
be-lah ou dans yavesh be-yavesh.
Cela
pose plusieurs problèmes par rapport à la compréhension naïve de
bittul teruma be-mea qui, aurait-on pu croire, ne s'appliquait qu'à
min be-mino. D'une part, pour Rashi, la question n'est pas min
be-mino ou min be-she-eino mino mais est-ce que le issur est be-eineh
(sous sa forme initiale) ou non. D'autre part, dès lors que Rashi
donne comme deux manifestations distinctes de be-eineh yavesh
be-yavesh et min be-mino, cela signifie que dans min be-mino on est
toujours be-eineh. Cela demande à être expliqué dans la mesure où,
a priori, Rashi considère au contraire qu'un issur nimuah, qui a
perdu sa forme initiale pour se fondre dans la masse du plat, ne
s'appelle même plus mamasho shel issur mais seulement taam (voir
Avoda Zara 67b en haut). Le Rosh Yossef (sur Hullin ici) peut, nous
semble-t-il, nous éclairer ici. Il explique que (selon la conclusion
que Tossefot vont tirer de Rashi par la suite), pour R. Yehuda même
dans min be-mino un taam sans mamashut est batel. Comment concilier
cela avec le fait que le modèle de R. Yehuda est un mélange de
liquides, où par définition le mélange est total et qu'on devrait
avoir le même din que nimuah, donc un din de taam sans mamashut pour
Rashi ? Il répond qu'un issur solide qui est nimuah perd son
statut de mamashut parce qu'il a vu sa forme dégradée, ce qui n'est
pas le cas d'un issur liquide dont la forme n'a pas été tant
dégradée5.
Mais, pourrait-on alors prolonger le raisonnement, cette « kula »
du issur nimuah n'est valable que dans min be-she-eino mino dans la
mesure où le issur s'est assimilé à un élément hétérogène ;
dans le cas de min be-mino, même un issur nimuah ne change pas de
catégorie (ce que Rashi appelle hitin
be-hitin :
avant, c'était du froment, maintenant, c'est toujours du froment) et
serait donc considéré comme be-eineh même dans lah be-lah.
Ensuite,
si l'on fait intervenir le fait que pour Rashi Abayé est possek
comme R. Yehuda que min be-mino lo batel, alors on a beaucoup de mal
à comprendre comment s'applique cette mishna de bittul be-mea dans
min be-mino selon Abayé (à dire vrai, la solution de facilité
serait de dire que cette mishna ne va pas selon R. Yehuda ; mais
Abayé est censé être possek selon R. Yehuda, et pourtant cette
objection possible n'intervient nulle part dans la sugya ; on
est donc obligé de se plier à une autre logique). En effet, ainsi
que l'explique le Ran (sur Nedarim), la raison du non-bittul est que
les deux éléments sont presque identique et se renforcent au lieu
de s'annuler. Or, on l'a vu, pour Rashi, il semble que ce soit une
logique similaire qui fait que le din d'issur nimuah ne s'applique
pas dans min be-mino ; autrement dit, la règle de R. Yehuda est
valable en premier lieu dans yavesh be-yavesh, et par extension dans
lah be-lah. Mais alors dans quel cas y aura-t-il, pour R. Yehuda,
bittul teruma be-mea dans min be-mino ? Dans yavesh be-yavesh,
apparemment jamais, puisque min be-mino lo batel en premier lieu dans
yavesh be-yavesh et qu'on ne peut pas retirer le issur (puisque si on
peut le retirer dans yavesh be-yavesh c'est qu'il est identifiable et
donc il n'y a évidemment bittul pour personne tant qu'on ne l'a pas
retiré, et quand on l'a retiré il est évident qu'il n'y a plus
aucun problème puisqu'il n'y a pas de résidu de type netinat taam
ou autre). Dans lah be-lah, tant que le guf ha-issur est présent, il
n'est pas considéré comme nimuah et il ne saurait donc non plus
être batel. C'est uniquement dans un cas de lah be-lah où on aurait
retiré le issur mais qu'il resterait quand même un taam (ou quelque
chose d'équivalent, comme mehamets) que s'appliquerait le bittul
be-mea. Et c'est, effectivement, à peu près la conclusion que
Tossefot va tirer de shittat Rashi.
Cela
supposerait que pour R. Yehuda dans min be-mino le taam seul est bien
batel, ce qui serait compatible avec la shitta de Rashi pour qui taam
ke-ikkar est deRabbanan, mais pas avec la shitta d'Abayé pour lequel
taam ke-ikkar est bien deOrayta (Hullin 108a) – sauf à distinguer
le taamo ve-lo mamasho d'un issur nimuah, qui serait deOrayta, et un
pur taam, qui serait deRabbanan, et cela, nous le verrons peut-être
à la lumière de la fin de la sugya, avec tsir dagim. On pourrait
également avancer que la règle de R. Yehuda ne s'applique pas pour
un issur deRabbanan et postuler que la Mishna et toute notre sugya
discute implicitement de teruma bi-zman ha-ze qui, selon certains,
est deRabbanan (mahloket Reish Lakish/ R. Yohanan en Yevamot 81a, qui
se poursuit jusque chez le Mehaber/Rama YD 331, 2) ; mais, pour
être franc, rien ne le suggère nulle part ni dans la sugya, ni dans
les mefarshim6.
1cf.
le Rosh Yossef sur place pour des lectures alternatives, notamment
où l'on considèrerait que le rotev serait min be-she-eino mino par
rapport à la viande (sur la base de Shut Rashba I, 272 à la fin),
ou plus largement en définissant le min d'après le shem, à
l'exclusion du min « naturel » (voir ce qu'on a écrit
plus haut dans le Pri Hadash à ce sujet).
2On
se reportera au Ran sur place pour les inférences pratiques de ces
deux calculs, notamment la fonction des éléments « neutres »
(os, écorces) dans le calcul du bittul.
3
Dans la sugya de te'imat kfeila et dans la sugya présente, il faut
noter une grande différence entre Rashi et Tossefot. Pour Rashi, on
exige de toute façon 60 et il faut lekhthila faire goûter pour
vérifier qu'il n'y a plus de taam ; pour Tossefot, un taam
perceptible au-delà de 60 ne s'appelle plus un taam gamur mais un
taam kol she-hu et ne sera pas interdit deOrayta même pour
quelqu'un qui tient, comme Abayé, que taam ke-ikkar deOrayta ;
et même en deçà de 60, s'il n'y a pas de taam perceptible, ce
serait muttar ; ce n'est que deRabbanan qu'on exige teimat
kfeila ou, à défaut, 60.
4Sauf
si on met l'accent sur le cas particulier où le lévi a acquis le
maaser rishon alors que le blé était encore en épis avant que le
cohen ait pris la teruma gedola, auquel cas le maaser rishon déjà
prélevé est patur de teruma gedola et la terumat maaser vaut
exactement 1/100 (ce n'est plus vrai quand le grain est déjà
lissé). Cf. Yerushalmi Halla 1, 3.
5Peut-être
peut-on rapprocher cela de ce que dit le Rambam dans le Moreh
Nevukhim (I, 69): אם
נפסדה צורתו נפסדה הוויתו ובטל .
6On
pourrait cependant comprendre que pour R. Yehuda sa règle ne
s'appliquerait pas pour un issur deRabbanan, même si on la comprend
comme le Ran. Certes, selon la logique du Ran, le fait que ce ne
soit qu'un issur de Rabbanan devrait remettre en cause l'efficacité
du bittul même pour les hakhamim, a fortiori pour R. Yehuda. Et, in
hakhi nami, on pourrait dire qu'il n'y a pas de bittul d'un issur
deRabbanan dans min be-mino ni pour R. Yehuda, ni pour les Hakhamim,
et on pourrait cependant imaginer un pseudo-bittul : en fait,
puisque deOrayta le issur n'est pas vraiment assur, il n'y a pas de
bittul (dans cette shita du Ran), mais les hakhamim n'ont été
gozer un issur que quand l'objet visé n'est pas mélangé à une
quantité telle qu'il serait batel s'il était interdit deOrayta :
donc en-deçà du shiur il n'est pas batel et il est assur
deRabbanan, au-delà du shiur il n'est toujours pas batel mais il
n'est pas non plus assur. Ceci a clairement de grandes nafka minot,
mais pas plus que la notion selon laquelle heter be-heter lo batel.
cf. Pri Megadim, petiha le-hilkhot taarovet helek 2, perek 1.